Château d’eau La Corbusier : diagnostic sur un bâtiment classé aux Monuments Historiques

Réalisation d’un diagnostic de corrosion sur le château d’eau de Podensac, près de Bordeaux

chateau d'eau de Podensac extérieur
chateau d'eau de Podensac intérieur

Un ouvrage singulier, classé aux Monuments Historiques

Situé en plein centre de la petite ville de Podensac, se dresse le château d’eau historique éponyme. À quelques minutes seulement de l’agglomération bordelaise, cet ouvrage représente le premier monument en béton armé construit par Le Corbusier en France. Sous la direction d’un riche industriel, l’architecte dessine et fait construire ce château d’eau hors normes en 1917. 

Ayant à l’origine pour fonction d’alimenter en eau le jardin et la demeure du domaine de Chavat, ce dernier se démarque par sa structure poutres-poteaux comblée par des voiles en béton non armé. Sa singularité tient aussi à sa pièce panoramique située juste sous le réservoir à son sommet. Cette pièce était un lieu de vie, requête fantasque du châtelain local.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le domaine est démantelé. Le château d’eau tombe alors dans l’oubli, n’étant plus q’une structure vieillissante et obsolète. Une autre structure est construite pour le remplacer à son voisinage direct, il est même prévu de le démolir…

Heureusement, elle y échappe in extremis grâce à la Mission Patrimoine organisée par Stéphane Bern en partenariat avec la FDJ. La gestion de l’ouvrage est alors confiée au collectif d’architectes bordelais Le Groupe des Cinq. Ils commanditeront la réalisation d’un diagnostic exhaustif de la structure au cabinet Architecture Patrimoine. L’objectif est  de le réhabiliter et de le transformer en Etablissement Recevant du Public (ERP) à visée touristique et éducative.

Contexte d’intervention sur site et de diagnostic

C’est dans ce contexte que nous avons réalisé le diagnostic structurel et pathologique de l’ouvrage en décembre 2021. Comme souvent lors de nos interventions sur site, l’analyse structurelle comportait les éléments suivants :

  • des relevés d’enrobages
  • la détection du principe de ferraillage
  • l’inventaire des dégradations structurelles de l’édifice

Tout d’abord, nous avons découvert un réseau de ferraillage très atypique : les armatures étaient de section… carrée ! De plus, contrairement à ce que la forme cylindrique de l’ouvrage laissait deviner, la structure porteuse était en réalité de type poteau-poutre. Le reste de la paroi est constitué uniquement de béton pur et non armé. Les granulats qui la composent atteignent parfois la dizaine de centimètres de diamètre !

Il s’agit là de la marque de fabrique Le Corbusier. Il considérait les structures comme vivantes et non figées, les cloisons de ces dernières devaient pouvoir être percées ultérieurement.

Diagnostic de la corrosion, de l’état de santé de l’ouvrage et identification des causes de la pathologie

Ensuite, notre équipe a cartographié sur site les éléments en béton armé présentant des dommages structurels révélateurs d’une activité de corrosion. Nous y avons déployé une nouvelle fois notre dispositif de diagnostic corrosion CMAP, doté de nouvelles améliorations.

De plus, nous avons mis en évidence des relevés de profondeur de carbonatation et de contamination aux ions chlorures. Les résultats montrent d’abord une initiation de la corrosion par carbonatation du béton d’enrobage. Les atomes de dioxyde de carbone ont pénétré le béton, supposé protéger les aciers. Cette intrusion a alors déstabilisé la couche de passivation des armatures, et initié la corrosion. Mais nous avons également constaté la présence d’un enduit cimentaire inconnu à l’intérieur de l’ouvrage. Il ne semblait pas carbonaté à l’analyse de la profondeur de carbonatation, et c’est ce qui nous a poussé à compléter notre diagnostic. 

Par conséquent, nous avons réalisé une analyse en laboratoire des prélèvements de cet enduit. Cette étude complémentaire comportait une analyse au Microscope Electronique à Balayage (MEB) et Diffraction aux Rayons X (DRX).

Ces deux méthodes nous permettent d’en apprendre davantage sur la constitution de l’enduit. Il a ainsi été révélé que sa formulation induisait un biais de mesure sur le test de carbonatation. Nous avons ainsi pu conclure sereinement sur la cause de la corrosion sur l’ouvrage et prescrire un traitement adapté. 

En l’occurrence, au vu de l’ancienneté de l’ouvrage et de sa reconversion en lieu d’intérêt pour le public, nous avons averti nos clients sur la nécessité d’un renforcement de la structure porteuse. Nous avons également prescrit un traitement électrochimique pour stopper la corrosion existante et éviter la corrosion future des nouveaux matériaux.

Quelle méthode pour un diagnostic corrosion réussi ?

Si vous êtes concernés par un diagnostic corrosion, nous sommes à votre écoute pour un premier contact. Si vous souhaitez en savoir plus sur nos méthodes de diagnostic, nous vous invitons à jeter à un oeil à nos services !